Zones humides, prairies inondables. Pourquoi les inondations ont du bon?

Bien qu’assez présent dans les cours d’eau gersois, le brochet est considéré comme vulnérable à en France métropolitaine, en raison notamment de la raréfaction de ses milieux de reproductions.

Milieu

Cette espèce se reproduit principalement dans les zones humides, les bras morts et dans les prairies inondées. La reproduction se fait entre février et avril.

Bien qu’assez présent dans les cours d’eau gersois, le brochet est une espèce classée sur la liste rouge de l’UICN. Elle est considérée comme vulnérable à l’échelle de la France en raison notamment de la raréfaction de ses milieux de reproduction. En effet, cette espèce se reproduit principalement dans des zones humides et dans les prairies inondées entre février et avril. L’anthropisation des milieux, la création de digues, le creusement des lits des cours d’eau et enfin la réduction des zones inondables sont donc limitantes pour les populations de brochet. L’espèce et son habitat sont donc protégés. La destruction et l’enlèvement de ses œufs est interdit. La destruction, l’altération ou la dégradation de ses lieux de reproduction sont également interdits.

La reproduction du brochet

Comme tous les poissons, les brochets naissent dans des œufs. Mais les brochets ne pondent pas leurs œufs n’importe où ! Les femelles préfèrent pondre dans des zones herbacées (telles que les prairies par exemple). Toutefois, il y a un problème : ces zones ne sont pas présentes dans les rivières et les lacs. Les brochets ont donc besoin que les cours d’eau débordent et inondent les prairies et autres zones humides proches de leurs lits. Lorsqu’elles sont fécondées, les femelles peuvent alors déposer leurs œufs (entre 15000 et 45000 !) sur quelques centaines de m² de prairie enherbée. Après une dizaine de jours, ces œufs vont éclore, donnant naissance à des larves.

Stade larvaire

Ces larves resteront fixées sur leur brin d’herbe pendant encore une dizaine de jours, jusqu’à devenir assez grandes (5 centimètres environ). Pendant cette période, les larves vont d’abord manger du plancton, puis d’autres larves de poissons telles que des brochets. Oui, les brochets sont cannibales ! Lorsqu’elles sont suffisamment grandes, les larves, qui sont alors appelées brochetons, rejoignent le lit naturel du cours d’eau pour continuer leur vie. Pour assurer une bonne reproduction du brochet, les prairies ont besoin d’être inondées pendant un minimum d’1 mois, le temps que toutes les femelles puissent être fécondées et pondre. Le temps d’inondation idéal serait plutôt de 2 voire 3 mois.

Figure 1 : un brocheton en âge de rejoindre son cours d’eau ©FNPF

Menaces

Du fait de l’anthropisation des milieux naturels, de la création de digue, de l’affaissement du lit des cours d’eau et de la disparition des prairies humides, ces milieux se font rares. De plus, les besoins agricoles actuels requièrent des périodes d’inondations les plus courtes possibles.
Toutefois, il existe encore quelques prairies inondables qui peuvent potentiellement être exploitées par le brochet, notamment sur le bassin de l’Arçon par exemple.

Les prairies humides inondées représentent les frayères les plus efficaces de cette espèce emblématique de nos cours d’eau. Même si le brochet peut également exploiter les annexes hydrauliques telles que les bras morts, la raréfaction des zones inondables et des périodes d’inondation printanière a un impact non négligeable sur l’espèce. Alors qu’il est important pour l’homme de lutter contre les inondations, il est intéressant de rappeler l’importance du cycle naturel des cours d’eau et de montrer que certaines espèces ont su s’adapter aux contraintes que celui-ci impose pour en faire des avantages.

Des solutions existent pour permettre la cohabitation entre l’homme qui a besoin de limiter autant que possible le risque d’inondation et le brochet qui a besoin de ces dernières pour se maintenir. La création ou la réhabilitation de champs d’expansion de crues par exemple serait bénéfiques aux 2 espèces.

Pour aller plus loin

Les inondations favorables au brochet, mais pas seulement

En plus de favoriser la reproduction du brochet, les inondations ont un autre intérêt important, longtemps exploité par l’homme. De par l’apport de limon dans les prairies et les champs, les inondations enrichissent la terre et améliorent la culture et le rendement de ces parcelles inondées. Ainsi, pendant des millénaires, les crues du Nil ont permis aux égyptiens de jouer le rôle de grenier du pourtour méditerranéen.

Les inondations peuvent être très néfastes à l’homme. Pourtant, elles sont très importantes pour le cycle de vie d’une espèce emblématique : le brochet.

Fédération de pêche du Gers
http://www.gers-peche.fr

CARTOGRAPHIE

Le saviez vous ?

Au sein du département du Gers, il existe 2 espèces de Brochet ! Le brochet commun (Esox lucius), que l’on retrouve dans tout le département, et le brochet aquitain (Esox aquitanicus), essentiellement présent dans le secteur ouest du département (bassin de l’Adour et de la Baïse).
Aller au contenu principal