Mollusques des haies et lisières

Près de 240 espèces de gastéropodes terrestres sont répertoriés en Occitanie, et environ autour de 70 à 80 dans le Gers. Mais beaucoup de choses restent à découvrir, les spécialistes des mollusques sont très peu nombreux.

 

Contrairement à ce qu’on imagine, les escargots et limaces n’apprécient pas tous la feuille de salade et un endroit humide et luxuriant de hautes herbes. Comme toujours lorsqu’on se penche sur le vivant, la réalité se révèle bien plus complexe. Autour d’Auch, vous pouvez observer des gastéropodes dans toutes les conditions : bords de rivières, bois, friches urbaines, talus secs de voie ferrée, coteaux, et bien-sûr jardins et même dans la ville. Mais ce ne seront pas forcément les mêmes espèces suivant ces habitats.

Milieu de vie

Les haies et lisières ont de ceci qu’elles regroupent en un même point, par leurs structures, différentes conditions d’habitats possibles : une partie ombragée, une partie ensoleillée, une végétation herbacée basse (voire des talus écorchés sans végétation), des arbres avec (idéalement) du bois mort au sol. Les conditions chimiques du sol, et ses capacités à retenir ou pas l’humidité, vont également favoriser certaines espèces ou au contraire d’autres.

L’un des plus connus

Certains gastéropodes peuvent être présents dans toutes ces conditions. C’est le cas du plus connu des escargots : le petit-gris (Cornu aspersum). De petit, il n’a que le nom puisque l’adulte a une coquille globuleuse de plus de 3 cm de diamètre. C’est sans doute le plus grand des escargots des environs d’Auch.

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Petit-gris (Cornu aspersum)

 

Identifier l’escargot des haies

Commun aussi dans toutes les sortes de haies, l’escargot des haies (qui porte bien son nom) (Cepaea nemoralis) est un peu plus petit, la coquille ne faisant que 2 à 2,5 cm maximum. La diversité des couleurs de la coquille chez cette espèce est déconcertante : jaune, rosée, avec 1 bande noire, 2 bandes, etc.

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    Escargot des haies     © PO_Cochard

 

Régime alimentaire végétarien pour certains! 

Ces deux gros escargots ont une longévité qui peut dépasser largement un an voire atteindre plus de 2 ans. Ils ont la réputation, relativement correcte (mais les régimes alimentaires sont plus complexes en réalité), de se nourrir de végétaux vivants et donc éventuellement des semis et autres plantes du jardin. Mais tous les gros escargots ne sont pas végétariens.

Carnivores pour d’autres

Ainsi au pied des haies dans des milieux frais (vallons, bords de ruisseaux…), on peut admirer un escargot de 1,5 à quasi 2 cm de diamètre, avec un corps magnifiquement bleu foncé et une coquille très brillante, brune à orange. Son nom résume à la fois cet aspect général, et aussi sa répartition mondiale : la Luisantine aquitaine (Retinella incerta). Les feuilles de salade et autres végétaux vivants intéressent peu cette espèce qui ne se rencontre en France que dans le sud-ouest : elle a un régime alimentaire avant tout carnivore, capturant des proies qui vont à sa vitesse, autrement dit d’autres escargots.

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Luisantine-aquitaine   © PO_Cochard

 

Une espèce fouisseuse

À l’opposé, il faudra vous munir d’une loupe pour réussir à découvrir les miniatures dans ce groupe. Au pied des haies sur des talus calcaires, coteaux, se trouvent relativement facilement des coquilles blanches très allongées, comme des aiguilles, ne mesurant que 3 à 4 mm de long : l’Aiguillette commune (Cecilioides acicula). Avec cette espèce nous entrons alors dans les mondes mystérieux des mollusques : malgré sa fréquence, peu de choses sont connues sur sa vie (comparées aux connaissances accumulées par exemple sur les libellules ou les oiseaux). L’Aiguillette commune est en effet un escargot évoluant sous terre, fouisseur, aveugle, dépigmenté, se nourrissant sans doute de micro-organisme (moisissures sans doute), et ne vivant probablement que quelques mois.

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Aiguillette commune  © O  Gargominy

 

Une espèce minuscule

Mais, toujours au pied des haies, nous pouvons trouver plus petit encore : le vertigo commun (Vertigo pygmaea). Avec une coquille mesurant 1,5 mm chez l’adulte (exceptionnellement presque 2 mm pour les géants chez cette espèce), on comprend pourquoi ce nom de pygmaea. Cet escargot a la particularité, comme d’autres membres de sa famille, de présenter des excroissances de coquille dans l’ouverte d’où sort l’animal. Ces excroissances forment des lamelles et bosses, communément appelées « dents ». Ces particularités sont très utiles pour le spécialiste qui cherche à déterminer l’espèce, car le nombre de dents et leurs dispositions varient d’une espèce à l’autre.

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Vertigo commun  © L .  Léonard

Pour aller plus loin

Deux livres assez accessibles pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur les mollusques :

Audibert C., Bertrand A., 2015 : Guide des mollusques terrestres : Escargots et limaces. Belin.

Kerney M.P., Cameron, R.A.D., 1999 : Guide des escargots et limaces d’Europe. Delachaux et Niestlé.

 

Sous le terme de « mollusques », se cache une grande diversité : bivalves aquatiques (les « moules »), gastéropodes (limaces, escargots)… Nous nous intéresserons ici aux espèces terrestres, qui font toutes partie des Gastéropodes. La diversité des formes et des mœurs chez ces animaux devrait vous surprendre.

Pierre-Olivier Cochard

Photographies :

Pierre-Olivier Cochard

O  Gargominy

L .  Léonard

 

CARTOGRAPHIE

Le saviez vous ?

Un autre gros escargot, le Bulime tronqué (Rumina decollata), est bien présent au pied des haies sur les coteaux autour d’Auch. Carnivore, il a fait l’objet dans le passé d’introduction aux USA pour lutter contre un autre escargot introduit là-bas, le… petit-gris. Résultat l’espèce est aujourd’hui considérée comme une peste dans ce pays et le petit-gris s’y porte bien.
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