Criquets, sauterelles, et compagnie…

Quelques chiffres

Près de 30 000 orthoptères peuplent la planète, dans une extrême variété de milieux terrestres, du désert de Gobi en Mongolie jusqu’aux pentes du Mont Kilimandjaro en Tanzanie à 4400 m d’altitude, voire les milieux souterrains.

Environ 250 espèces occupent la France métropolitaine et 53 le territoire du Grand Auch.

Criquets vs Sauterelles …

Les deux sous-ordres se distinguent assez aisément :

• Les Ensifères qui regroupent les sauterelles, grillons et courtilières se caractérisent par des antennes très fines et allongées, souvent supérieures à la taille du corps. Par ailleurs, les femelles insèrent leurs œufs dans divers substrats (terre, végétaux) grâce à une tarière ou ovipositeur que les personnes peu averties sur la question prennent parfois pour un dard.
• Les Caelifères, regroupe l’ensemble des criquets, pourvus d’antennes courtes et un peu épaissies.

Grillon des bois© G.Riou

Criquet verte-échine©JM.Catil

Méconème tambourinaire©JM.Catil

Ephippigère des vignes©JM.Catil

Quelles différences entre les criquets et les sauterelles ? Une question d’antennes !

Alimentation.

Tous les orthoptères ne partagent pas le même régime alimentaire. Si les criquets se nourrissent majoritairement de végétaux, les sauterelles consomment régulièrement d’autres insectes voire leurs propres congénères. Il n’est ainsi pas rare de voir la Grande Sauterelle verte consommer ses semblables, fraichement écrasés sur la route.

Une communication acoustique: la stridulation, un critère d’identification.

Une des particularités de certains orthoptères réside dans la faculté d’émettre des sons. Ceux du Grillon champêtre et du Grillon d’Italie, probablement les plus connus, occupent l’espace sonore des journées printanières puis des nuits estivales. Grillons et sauterelles émettent ces stridulations en frottant leurs élytres (ailes sclérifiées) l’une contre l’autre tandis que les criquets frottent leurs fémurs postérieurs contre leurs élytres. Ces stridulations jouent plusieurs rôles (défense du territoire, cour auprès des femelles, etc.).

les « orthoptéristes »

Elles sont très utiles aux personnes qui recensent ces espèces dans la mesure où l’identification des espèces est parfois plus aisée qu’avec des individus en main. Mais ceci est surtout valable pour les criquets et grillons dont la fréquence d’émission est inférieure à 10 kHz. Le problème est tout autre chez les sauterelles. En effet, certaines espèces stridulent principalement dans la gamme ultrasonore, ce qui ne nous permet pas de les entendre (l’oreille humaine perçoit correctement jusqu’à 15-20 kHz, chiffre variable suivant l’âge, l’état de santé de l’appareil auditif des personnes en question…). Pour y remédier, les « orthoptéristes » utilisent un subterfuge, à savoir un détecteur à ultrasons. Cet appareil « traduit » en sons audibles les sons inaudibles, et à la capacité de les ralentir si bien que nombre d’espèces et d’individus invisibles (car cachés dans la végétation) et inaudibles le deviennent. Ces dernières années, plusieurs nouvelles espèces de sauterelles ont été découvertes dans le département grâce à l’utilisation de cette technique.

Habitats et menaces

Autour d’Auch, les sites abritant les plus belles diversités d’orthoptères sont généralement des milieux herbacés (prairies) et des zones à forte naturalité (mosaïques de pelouses et landes des coteaux secs). A contrario, les zones exploitées de manière intensives demeurent très pauvres. Les tontes trop régulières des espaces verts ne permettent pas à ces insectes de se développer et d’atteindre l’âge adulte (en général à partir de juin-juillet sous notre climat). La gestion différenciée et le maintien de la végétation jusqu’aux premiers jours de l’automne sont ainsi à privilégier pour assurer le maintien de ces insectes si précieux au sein des chaines alimentaires. Ils constituent le repas d’une multitude d’animaux, en particulier des oiseaux,les reptiles,les insectes et les araignées. Le déclin des orthoptères (en Occitanie, la récente liste rouge des Orthoptères en 2022 nous indique que 25% des espèces sont menacées d’extinction) n’est donc pas totalement étranger au déclin généralisé des oiseaux communs.

Ainsi, la conservation des orthoptères et de leurs habitats est particulièrement profitable à tout l’écosystème.