Dans notre magnifique territoire, la préservation de l’environnement, les paysages, le patrimoine naturel, constituent une priorité. Plus qu’un inventaire de la biodiversité, l’Atlas de la Biodiversité constitue également un outil de diagnostic, pour intégrer les enjeux biodiversité dans les réflexions et les stratégies d’aménagement du territoire.
Soyons tous acteurs pour sauvegarder la biodiversité. Les observations des citoyens sont essentielles à la connaissance scientifique, elles permettent de collecter de nombreuses données, que les chercheurs ne peuvent pas obtenir seuls.
Avide d’air pur et de nature, le citadin vient se promener au « bois d’Auch », aux portes de la ville, pour s’oxygéner avec un sentiment mélangé de liberté retrouvée, d’insouciance et de crainte diffuse… La « peur de se perdre » a remplacé la peur du loup. Le parcours sportif sylvestre a pris la place du « parcours de panage* ». Le « jogging » a supplanté la récolte de bois mort…
Un peu d’Histoire, le bois appartient à la ville d’Auch depuis l’an 1303, mais la commune en était déjà « usagère » depuis au moins un siècle…
Après son rôle de pourvoyeur de bois d’œuvre et de feu, de litière pour le bétail, de genêts pour les balaitiers* au cours des siècles lointains, le bois d’Auch est devenu l’un des « poumons verts » de la commune depuis une bonne vingtaine d’années.
Le bois communal d’Auch (120 ha) et la forêt domaniale d’Ordan-Larroque (93 ha) constituent un massif forestier d’un seul tenant de 213 hectares, ouvert au public, tout près de la ville, ce qui est assez exceptionnel dans le département du Gers. Des bois privés, également d’origine très ancienne, complètent ce massif de 320 hectares environ…
Un parcours sportif et trois sentiers éducatifs balisés sont à la disposition des joggeurs, des promeneurs, des naturalistes et des curieux, au départ du parking aménagé (pique-nique)…
C’est un ensemble forestier de type chênaie-charmaie un peu acidiphile, avec quelques résineux autochtones (Pin sylvestre et Pin maritime) et quelques essences exotiques introduites en îlots vers 1945 / 1960 (Douglas, Cèdre de l’Atlas, Chêne rouge, Chêne cerris, Pin noir…), et très bien-venantes…
En ce mois de mars, on peut y voir des plantes fleuries spécifiques de ce milieu boisé : l’Anémone sylvie (Anemone nemorosa), le Faux pygamon (Isopyrum thalictroides), la Sylvie jaune (Anemone ranunculoides), la Jacinthe des bois (Hyacynthoides non-scripta), la Circée de Paris (Circaea lutetiana), la Scille (Scilla lilio-hyacinthus) et bien d’autres !
Panage : servitude qui permettait autrefois aux propriétaires de porcs de mener leurs animaux dans les bois communaux pour y manger les fruits (glands, faines, etc.)
Balaitier : artisan fabriquant des balais, de genêt notamment.
Un peu d’histoire et une petite histoire
En 1817, le conseil municipal décide la mise en vente du Bois d’Auch, pour financer l’agrandissement d’un « Quartier de cavalerie » (à savoir la Caserne Espagne). Le ministère des Finances refuse cette aliénation en 1818, malgré une intervention du ministre de l’Intérieur, demandée par M. de Lascours, Préfet du Gers.
Cependant, les élus municipaux persistent dans leur projet pendant les années suivantes, et finissent par mettre en place une commission d’enquête publique qui ouvre ses audiences le 9 janvier 1826, à la Mairie d’Auch. Lors de cette consultation publique, sur les quelques 9850 habitants que compte Auch, seulement «212 Habitants se sont présentés ; sur ce nombre, 172 ont voté pour, 36 contre, et 3 ont déclaré ne vouloir n’y adhérer à la vente ni s’y opposer… » (sic.).
Le Commissaire Enquêteur résume les arguments proposés par les signataires, et les classe en trois catégories : les partisans de la vente pour agrandir la caserne des Dragons, ceux qui préfèreraient investir le prix de la vente dans des « Rentes sur l’Etat », et enfin ceux, très minoritaires, qui veulent conserver le bois, notamment pour les pauvres qui y trouvent leur bois de chauffage. Concernant les pauvres, le Commissaire insiste particulièrement sur le fait que « … il leur faut la journée pour ramener un fagot de bois qui peut valoir 25 ou 30 centimes, alors que s’ils s’occupaient à un travail quelconque, il leur produirait au moins 60 centimes… Par ailleurs, on assure que le bois sert de lieu de rendez-vous pour les gens du peuple, et il n’y a que les paresseux et les vagabonds qui le fréquentent…». (SIC).
L’Ordonnance royale de Charles X, du 15 novembre 1826, autorise la vente « …aux Enchères Publiques sur la mise à prix de 50400 Francs et pour une surface de 104,7450 hectares, à condition que l’acquéreur ne change pas la nature du sol et le maintienne constamment en bois… ». Le bois d’Auch est alors divisé en 23 lots pour la mise en vente au détail.
Après plusieurs ventes à des particuliers, le 2 Janvier 1828, la ville d’Auch n’a plus de « forêt communale »… Mais le peuple ne laissera pas faire, et après une émeute et 3 ans de pourparlers entre les Administrations concernées, la vente est annulée par l’Ordonnance royale de Louis-Philippe du 28 Mai 1832 : «moyennant le versement [d’une forte somme aux propriétaires], la ville rentrera dans la pleine et entière propriété et jouissance d’un bois dit le Bois d’Auch… ». La ville d’Auch possède à nouveau une « forêt communale » !
Sources : Archives Départementales de Haute Garonne, du Gers , Archives Communales d’Auch, Archives ONF.
Bernard Lascurettes, Association Botanique Gersoise.
L’Atlas de la Biodiversité intercommunale du Grand Auch Cœur de Gascogne
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