Dans notre magnifique territoire, la préservation de l’environnement, les paysages, le patrimoine naturel, constituent une priorité. Plus qu’un inventaire de la biodiversité, l’Atlas de la Biodiversité constitue également un outil de diagnostic, pour intégrer les enjeux biodiversité dans les réflexions et les stratégies d’aménagement du territoire.
Soyons tous acteurs pour sauvegarder la biodiversité. Les observations des citoyens sont essentielles à la connaissance scientifique, elles permettent de collecter de nombreuses données, que les chercheurs ne peuvent pas obtenir seuls.
Le monde des libellules
À ce jour, plus de 6400 espèces sont répertoriées à travers le monde, la France métropolitaine en comptant 98 (seulement), et le territoire du Grand Auch près d’une cinquantaine. Celles-ci se répartissent en deux sous-groupes : les libellules vraies (ou anisoptères), d’assez grande taille, qui au repos gardent les ailes dépliées, et les demoiselles (ou zygoptères) qui posées, referment généralement leurs ailes. Ces dernières, plus frêles, sont moins aptes à de longs déplacements bien que leur stature plus légère leurs permettent d’être facilement emportées par les vents et courants aériens.
Des écologies surprenantes
Toutes ces espèces partagent un trait biologique majeur : celui d’une vie larvaire aquatique. Que les femelles pondent directement dans l’eau, dans les sédiments ou dans la végétation aquatique (dans ou hors de l’eau), les larves finissent par se retrouver dans l’élément aqueux. Munies de crochets à l’extrémité d’un masque qui se déploie, les larves sont particulièrement bien équipées pour prédater insectes(larves de moustiques…), alvins ,vers, voire larves d’amphibiens qui passent à leur portée.
Une vie en métamorphose
Une dizaine de mues larvaires s’opèrent avant la mue finale qui voit la larve sortir de l’eau et abandonner sa dépouille larvaire, appelée exuvie, qui offre bien des renseignements aux naturalistes. Elle permet de certifier la reproduction d’une espèce donnée dans un milieu aquatique, et s’avère beaucoup plus réaliste pour estimer les populations. Bien souvent, seuls quelques adultes sont vus volant aux alentours des milieux aquatiques alors que plusieurs dizaines voire centaines d’exuvies peuvent être récoltées, même à l’échelle d’une mare !
L’émergence, une période critique
L’émergence des adultes est un moment-clef, qui ne dure que quelques dizaines de minutes durant lesquelles l’insecte n’a pas de moyens de fuite ou de défense face à la prédation. Cette phase se déroule principalement entre les mois d’avril et juillet, et les adultes qui en découlent volent, suivant les espèces et la météo, jusqu’aux premiers jours de l’hiver. Ainsi, la vie aérienne aura duré tout au plus quelques semaines alors que la vie aquatique peut s’étaler de quelques semaines à quelques années suivant les espèces et les conditions environnementales (température de l’eau, disponibilité en nourriture…).
Habitats
Toutes les libellules ne se retrouvent pas dans l’intégralité des milieux aquatiques. Ainsi, le Caloptéryx vierge, adepte des eaux vives, ne se retrouve que dans les ruisseaux et les parties courantes des rivières quant à l’inverse, le Crocothémis écarlate privilégie les eaux stagnantes riches en végétation aquatique. Certaines espèces volent en début de saison, d’autres en fin de saison et d’autres une grande partie de l’année, grâce à l’enchainement de plusieurs générations annuelles (cas de l’Agrion élégant par exemple), de sorte que la diversité d’espèces est toujours limitée dans l’espace et dans le temps.
Aussi, l’observation des libellules peut se réaliser une bonne partie de l’année, pour peu que les conditions météorologiques adéquates soient réunies, à savoir ensoleillement et vent modéré.
Caloptéryx vierge méridional ©JMCATIL |
Crocthémis écarlate©JMCATIL |
Agrion élégant ©JMCATIL |
Comme toutes les espèces de milieux aquatiques et de zones humides, certaines sont menacées par le déclin de ces habitats durant les dernières décennies, la pollution des eaux ou encore le changement climatique qui tend à aggraver l’assèchement de certains milieux temporaires (les larves supportent l’assèchement dans une certaine mesure, tant qu’une boue humide persiste au fond des pièces d’eau).
Pour faire face à ces menaces, la loi protège plusieurs espèces et leurs habitats (3 sur notre territoire) et un Plan Régional d’Actions en faveur de la conservation des libellules et de leurs milieux de vie est animé par le CEN Occitanie et l’OPIE.
Toutefois, le réchauffement du climat favorise aussi l’expansion d’espèces méridionales et l’arrivée du Trithémis annelé il y a une vingtaine d’années sur notre territoire en est probablement la preuve.
Chacun à son échelle peut participer à la conservation de ces insectes prédateurs (depuis les moustiques jusqu’à d’autres libellules…) en maintenant des zones sauvages dans les jardins, en n’introduisant pas de poissons dans les mares, etc., ce qui est profitable à l’ensemble de la biodiversité.
* CEN : Conservatoire d’Espaces Naturels OPIE : Office pour les Insectes et Leur Environnement.
Pour consulter la carte de répartition régionale et d’autres informations inhérentes aux libellules (période de vol, traits de vie, etc.)
Jean-Michel CATIL
L’Atlas de la Biodiversité intercommunale du Grand Auch Cœur de Gascogne
Pour préserver et valoriser la richesse naturelle de l’intercommunalité